Xavier Laureau "nous devons nous poser des questions sur notre souveraineté alimentaire"
Pourquoi s'intéresser à la dynamique des agricultures urbaines et périurbaines face à l'urgence de souveraineté alimentaire ? Pour Xavier Laureau des Fermes de Gally, qui s'exprimait lors de la session de l'Académie d'Agriculture du 1er février, c'est un sujet sur lequel beaucoup de gens s'expriment mais qui manque cruellement d'analyse stratégique.
Quelles sont les problématiques qui s'imposent à nous ?
Aujourd'hui, une certaine "micro-agriculture" est vantée comme une piste de salut par une frange très urbaine, très éduquée de la population mais souvent éloignée des réalités de terrain et d'une compréhension fine des enjeux de l'alimentation. Les micro-écoles de production se multiplient un peu partout en France, initiatives de nombreuses fondations, de collectivités territoriales... afin de repenser le modèle agricole en dehors de la profession et du ministère de l'agriculture. En parallèle, le Bio connait un certain essouflement alors que l'essor des approvisionnements locaux et traçés se confirme, mais celui-ci doit faire face à la réadaptation des modèles suite à l'épisode Covid. En Ile-de-France, l'abandon programmé en 2023 et 2024 de 50 ha supplémentaire de vergers Bio ne laissera que 500 ha maximum de production intensive contre 5000 après guerre (la concurrence internationale féroce est passée par là). A peine 5 arboriculteurs franciliens peuvent éventuellement enseigner la taille sur les poiriers en production qualitative. On observe d'autre part, un déficit chronique de main d'oeuvre chez les agriculteurs spécialisés et le problème est mal reconnu par le gouvernement. Face à l'ensemble de ces constats, nous devons nous poser des questions sur la souveraineté alimentaire du pays et des régions.