Un DEPHY en Oléiculture
"Un DEPHY en Oléiculture" a émergé en 2016 lors du réengagement du Plan Ecophyto II. Ayant la volonté de relever le défi de mieux lutter contre la mouche de l'olive et les maladies du feuillage, ce collectif d'agriculteurs échange sur les pistes possibles d'améliorations de la lutte, adapte localement des pratiques parfois innovantes et partage ses résultats avec le plus grand nombre lors des journées ou démonstrations techniques.
Animé par la Chambre d'Agriculture du Var, ce groupe rassemble des oléiculteurs professionnels répartis sur l'ensemble de ce département aux multiples facettes. Plus qu'un "quartier général" de lutte contre les bioagresseurs, ce groupe DEPHY FERMES est un lieu d'émulsion pour tous les aspects d'une production oléicole varoise de qualité, respectueuse des attentes environnementales et sociétales.
Production principale : Oléiculture (huile d'olives)
Partenariats locaux : Services Arboriculture et Maraichage/Viticulture et Environnement de la CA83, CA06, CIVAM 13 et 84, France Olive, Centre Technique de l’Olivier, techniciens, mouliniers, associations de producteurs...
Le regard de l'ingénieur réseau :
Dans le département du Var, les variétés d’oliviers sont historiquement très nombreuses et on compte énormément d’amateurs : cela donne à la profession un caractère atypique où chaque verger est unique. Des ravageurs tels que Bactrocera oleae sont fédérateurs car les moyens de lutte ne sont pas infinis. L’engagement dans le groupe DEPHY est avant tout l’occasion pour les producteurs d’échanger sur les pratiques mises en place. Il est évident que l’observation, celle de la mouche mais aussi celle de ses prédateurs, correspond au premier levier d’une lutte coordonnée à tous niveaux. Les axes de travail choisis ont permis de conserver l’IFT chimique du groupe très bas tout en approfondissant la gestion agronomique et économique de cette production.
Avec le réengagement du groupe en 2022, les producteurs ont souhaité poursuivre leurs travaux en abordant aussi la gestion des champignons cryptogamiques. La problématique des maladies du feuillage est en effet très complexe au verger et les défoliations pénalisent la production. Là encore, observer, échanger et s'adapter seront les maitres-mots de ces prochaines années pour les producteurs du groupe DEPHY.
Le groupe Un DEPHY en Oléiculture : les IFT de 2016 à nos jours
Plus d'informations sur ces Indicateurs de Fréquence de Traitement (IFT) dans la suite de la page et sur ce site internet : https://agriculture.gouv.fr/indicateur-de-frequence-de-traitements-phytosanitaires-ift
Et pour calculer vos IFT à chaque passage, n'hésitez pas à utiliser l'Atelier de calcul IFT du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.
Bonne lecture !
Pour retrouver les productions du groupe : RDV en bas de page pour les documents synthèses proposés par le groupe depuis son entrée dans le Réseau et cliquez sur les flèches pour faire défiler le carrousel.
Pour vivre au même rythme que les oléiculteurs varois engagés dans le Réseau DEPHY, n'oubliez pas de visionner les vidéos en haut à droite de la page !
Et enfin pour être connecté.e aux informations et productions du Réseau au niveau national, inscrivez-vous à la newsletter La Lettre @ PIC !
Coté presse Revue de presse des journées de démonstration et autres actions du groupe depuis sa création
- L'agriculture varoise veut relever le "DEPHY" du bio : témoignage de Sylvain Delmotte (Var Matin, 28 juillet 2016)
- Journée du 28 juin 2017 : Réglage du pulvérisateur en oléiculture (En Pays Varois, 8 juillet 2017)
- DEPHY TOUR 2018 (Communiqué de presse CA83 ; En Pays Varois, 22 septembre 2018)
Journée oléicole du 2 octobre 2018 : Rôles des matières organiques et activité biologique des sols (En Pays Varois, 6 octobre 2018 ; Var Matin, 2 octobre 2018 ; Le Nouvel Olivier n°114)
Panneaux techniques - Les matières organiques des sols, ou comment nourrir le sol pour nourrir la plante
- Les engrais verts, stimuler l'activité biologique des sols
- Le test du slip, appréciez la vie biologique de vos sols en fonction de vos pratiques agricoles
Fiche témoignage - Influence des pratiques culturales sur la vie des sols, Olivier Roux, Moulin du Haut Jasson
- Journée du 30 avril 2019 : Stratégies de lutte contre la mouche de l'olive, rappel des fondamentaux (En Pays Varois, 18 mai 2019)
- Journée du 21 mai 2019 : Mésanges et chauves-souris pour lutter contre la mouche de l'olive (En Pays Varois, 1er juin 2019)
- Journée du 29 juin 2020 : Stratégies de lutte contre la mouche de l'olive, Focus sur le kaolin calciné et le Synéïs Appât, Pulvérisation de précision (En Pays Varois, 17 juillet 2020 ; Var Matin, 7 juillet 2020 ; programme ; lien vers les présentations)
- Portrait d'un producteur DEPHY : Franck Trutalli, oléiculteur par passion (En Pays Varois, 20 octobre 2020)
- Journée du 14 avril 2021 : Araignées et carabes pour lutter contre la mouche de l'olive (En Pays Varois, 11 juin 2021 ; Var Matin, 15 avril 2021 ; lien vers la documentation)
- Journée du 19 avril 2021 : Conduite du verger et taille associée, comparaison de deux conduites différentes et démonstration de pulvérisation d'argile à la lance > FORMAT VIDEO (lien vers la vidéo)
- Journée du 30 septembre 2021 : Irrigation & Changement climatique en oléiculture et maraichage (En Pays Varois, 21 octobre 2021 ; programme)
- Journée du 13 septembre 2022 : Filets anti-insectes contre Bactrocera oleae et effets induits en olives de table (En Pays Varois, 23 septembre 2022 ; programme)
- Journée du 8 juin 2023 : Démonstration de matériel de pulvérisation d'argile et échanges techniques sur la conduite du verger d'oliviers en conditions limitantes (En Pays Varois, à sortir : programme)
- WEBINAIRE DEPHY FERME du 25/01/2024 Gestion de mouches à l'aide de barrières minérales, l'argile un barrière physique contre les ravageurs, avec Nathalie RAITIERE (APABA) et Fanny VERNIER (CA83) > pour accéder au REPLAY cliquez ici !
- Journée du 28 mai 2024 : DEPHY'lé des EPI phytosanitaires des trois groupes DEPHY en oléiculture, viticulture et maraichage de la Chambre d'Agriculture du Var en lien avec la MSA Provence Azur > pour accéder à la VIDEO de promotion cliquez ici ! (En Pays Varois, 28 juillet 2024)
A vos agendas ! Les prochaines dates avec le groupe Un DEPHY en Oléiculture sur le département du Var
- WEBINAIRE DEPHY FERME Gestion de mouches à l'aide de barrières minérales, L'argile une barrière physique contre les ravageurs, avec Nathalie RAITIERE (APABA) et Fanny VERNIER (CA83) : RDV le 25 janvier 2024 de 13h à 14h
Au programme :
- Contexte La production de cerises, d'olives face aux diptères ravageurs
- Luttes physiques mises en place par les producteurs des groupes DEPHY cerise et olive
- Essais et résultats, limites et perspectives de l'utilisation d'argile contre ces ravageurs
Ce wébinaire est ouvert à tout arboriculteur, professionnel et amateur, sans limite de places disponibles !
Lien vers le replay : cliquez ici !
2016-2021 Comment la biodiversité dans les vergers peut elle permettre de réduire la pression de la mouche de l'olive ?
Thématiques principales du groupe :
Pour répondre à cette vaste question, les membres du groupe DEPHY FERME oléicole varois ont choisi d'approfondir les quatre axes suivants :
- Régulation biologique et biocontrôle :
"Connaitre son ennemi" résume bien cette première thématique.
D'une part, il s'agit de mettre en évidence, par l'observation, la recherche, des alliés potentiels contre ce diptère dont la gravité économique n'est plus à démontrer dans le monde oléicole. Ces prédateurs spécifiques ou généralistes sont parfois connus, parfois plus discrets en verger d'oliviers. Les membres du groupe Un DEPHY en Oléiculture tentent de les mettre en lumière, en faisant quelquefois appel à des spécialistes, pour mieux mesurer leur efficacité.
D'autre part, il s'agit de limiter les conséquences indirectes que peuvent avoir l'emploi d'insecticides sur cette faune utile. La recherche d'alternatives, notamment en biocontrôle, est devenue indispensable tant d'un point de vue environnemental que social. Economiquement parlant des difficultés restent quelquefois à surmonter : verger et/ou matériel inadapté, efficacité relative, coût de la mise en oeuvre. Parmi les alternatives actuelles, l'application de barrière minérale à base de kaolin calciné s'avère être une piste prometteuse pour lutter contre la mouche de l'olive.
- Fertilité et vie des sols :
Conscients qu'une partie du cycle biologique de la mouche de l'olive se passe à terre, les producteurs du groupe Un DEPHY en Oléiculture souhaitent également approfondir leurs connaissances sur les auxiliaires potentiels qui évoluent au ras et dans les premiers centimètres du sol. D'une efficacité non encore prouvée, il semble logique de penser qu'un sol vivant, actif, attaquera beaucoup plus les éventuels asticots ou pupes qui se présenteront. Ainsi, augmenter et gérer les apports de matière organique est un préalable nécessaire pour redynamiser les sols des vergers d'oliviers. Il s'agit là d'un des axes de travail abordés dans cette thématique.
- Stratégie de couverture du sol :
Bien évidemment, pour fournir le gîte et le couvert à la biodiversité fonctionnelle en verger d'oliviers, l'aspect couverture du sol se doit d'être réfléchi. D'autant que, selon certaines observations, la tenue d'une végétation haute en saison paraît perturber le comportement de la mouche de l'olive... Savoir piloter l’enherbement (gestion de la fauche, choix et insertion de couverts végétaux) mais aussi réfléchir à la mécanisation nécessaire fait partie des priorités des membres du groupe Un DEPHY en Oléiculture. La recherche du meilleur compromis selon les situations est parfois difficile à trouver mais les possibilités de gestion de la couverture du sol en verger sont heureusement très diversifiées. Testons-les !
- Conduite du verger :
De manière générale, les membres du groupe Un DEPHY en Oléiculture profitent des échanges et des pistes de réflexion soulevées pour optimiser la conduite de leur verger et limiter la pression de la mouche de l'olive.
Les apports de matière organique influent sur la vie et la fertilité du sol, ce qui modifie la gestion de l'enherbement, celle de l'irrigation et oblige une optimisation de la fertilisation. En lien étroit avec la taille choisie, cela permet de contrôler la charge des arbres.
Aussi, couplée aux bénéfices annexes liés à la biodiversité fonctionnelle et au pilotage de la protection phytosanitaire, cette maîtrise de l'alternance naturelle des oliviers offre au producteur un ensemble de leviers culturaux pour leurrer le ravageur.
Ce constat conforte les membres du groupe dans les différents travaux menés individuellement.
Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement :
- Observation des vergers (vols et dégâts de mouches) pour mieux positionner les traitements/applications et connaître le ravageur : travail sur les OAD...
- Perfectionnement de la qualité d’application pour une protection optimale (barrières minérales, traitements phytosanitaires) : utilisation de papiers hydrosensibles pour le réglage du pulvérisateur, choix des outils...
- Etude de l’impact de la présence d'un parcours de volailles sur la population de la mouche de l’olive en verger isolé : retours d'expériences, visites de vergers pâturés...
- Observation et déploiement d’actions en faveur des auxiliaires : gestion des aménagements paysagers, plantes hôtes/relais...
- Mise en place de pratiques innovantes pour la filière : nichoirs à mésanges, abris à chauves-souris, filets anti-insectes...
Résultats 2016-2021 du groupe :
Depuis leur entrée dans le réseau national ECOPHYTO II en 2016, les membres du groupe Un DEPHY en Oléiculture ont pour objectif général de maintenir leurs IFT bas tout en garantissant la rentabilité économique de leurs exploitations.
L'IFT chimique en oléiculture est composé des IFT herbicides, fongicides et insecticides. Cet objectif d'un maintien d'un IFT chimique bas s'avère réalisable dans les conditions varoises.
En effet, les différentes pratiques ou techniques abordées individuellement ou collectivement avec Un DEPHY en Oléiculture montrent tout d'abord que les producteurs ont pu, en s'équipant de broyeurs avec satellite, s'affranchir totalement des herbicides. Des retours d'expériences montrent par ailleurs, dans certaines conditions pédoclimatiques et lorsque la pratique est possible (/risque incendie), qu'une couverture végétale haute en saison modifie l'attractivité des olives et limite l'apparition des dégâts.
D'autre part, suite à des essais d'application de barrières minérales contre la mouche de l'olive, il apparaît que certains insecticides jusque là utilisés en oléiculture conventionnelle peuvent être substitués avec une efficacité remarquable par le kaolin calciné (argile blanche) homologué pour cet usage en agriculture biologique. Ces applications nécessitent en revanche plus de passages dans le verger, mais permettent également de protéger les olives contre la dalmaticose, autre problématique d'importance économique.
Les fongicides se révèlent particulièrement indispensables pour lutter contre les maladies du feuillage (maladie de l’œil de Paon et cercosporiose) afin de garantir une alimentation correcte de l'arbre et des fruits. L'efficience des pratiques utilisées à ce jour est réfléchie individuellement par les membres du groupe Un DEPHY en Oléiculture et cet aspect est traité de manière collective depuis 2022 (voir plus bas dans la page). Ce dernier sujet est vaste et fait déjà l'objet d'études plus approfondies au niveau national, coordonnées par l'interprofession oléicole FRANCE OLIVE. Plus d'informations sur le site internet dédié : cliquez ici.
On constate en étudiant ce graphique que l'objectif général de maintien de l'IFT chimique bas est atteint en 2020.
(Objectif 2020, IFT = 2, cf graphique précédent)
On remarque également que les évolutions de l'IFT moyen du groupe Un DEPHY en Oléiculture sont étroitement liées à la pression mouche de l'année considérée : les années de forte pression, l'IFT total peut être amené à augmenter comme c'est le cas pour la saison 2019. Au contraire, la saison 2022 ayant été marquée par la sécheresse, l'IFT est très bas car la pression mouche était quasiment nulle, sauf en fin de saison où, grâce aux orages de fin août/début septembre, elle a explosé dans certains secteurs (comme le littoral).
De manière générale, on constate une hausse progressive de l'utilisation de produits de biocontrôle dans les exploitations du groupe DEPHY au fil des ans. En plus de l'utilisation usuelle de Bacillus thuringiensis contre la teigne (Prays oleae), il s'agit principalement de l'emploi croissant de barrières minérales en prévention contre la mouche de l'olive (stratégie de substitution totale ou combinée à une stratégie de lutte chimique stricte) car ce levier est doublement efficace dans les exploitations oléicoles : contre Bactrocera oleae mais aussi contre le développement de dalmaticose sur les olives !
Substituer les insecticides chimiques au profit de produits de biocontrôle est bel et bien possible en oléiculture !
Réengagement ECOPHYTO II+
Nous ne sommes pas tous seuls sur la réduction des phytos !
Les membres du groupe Un DEPHY en Oléiculture se sont réengagés pour la période 2022-2026. Le Projet Collectif du groupe évolue vers la gestion des maladies du feuillage que sont la maladie de l’œil de Paon (Fusicladium oleagineum) et la cercosporiose (Pseudocercospora cladosporioides).
L'optimisation des traitements (choix de la matière active, modulation et adaptation des doses au volume foliaire, positionnement, etc) mais aussi les alternatives au cuivre dans ce contexte durcit de l'utilisation de cette matière active (extraits végétaux notamment) avec la reconception de la gestion des différents paramètres de la conduite des vergers ayant une incidence sur l'inoculum de ces maladies du feuillage (gestion de la taille, de l'irrigation, de l'enherbement, etc) sont autant d'éléments qui seront approfondis sur les 5 prochaines années. Le rôle de la biodiversité fonctionnelle dans les vergers d'oliviers ne sera pas complètement abandonné : poursuite des essais en cours pour perfectionner la lutte contre la mouche de l'olive, perfectionnement de la lutte contre d'autres ravageurs d'importance (teigne, cécidomyies des écorces). L'accent sera mis sur la transférabilité des pratiques mises en place sur les exploitations du groupe Un DEPHY en Oléiculture vers les autres exploitations oléicoles du département et du pourtour Méditerranéen.
Le dossier de réengagement a été déposé le 30 avril 2021. Suite à la procédure d’évaluation nationale et régionale et à la décision du Comité stratégique DEPHY-30 000 réuni le 09/09/2021, le dossier a reçu un avis « favorable ».
Si vous souhaitez intégrer le collectif et travailler sur la gestion des maladies du feuillage, c'est toujours possible : n'hésitez pas à contacter l'Ingénieur Réseau du groupe (coordonnées dans le bandeau à droite de la page) !
Nouveauté 2022 : création d'un groupe 30 000 FERMES en oléiculture par le CIVAM du Vaucluse. Issus du même Plan ECOPHYTO II+, les deux groupes seront ainsi amenés à échanger et partager leurs connaissances/expériences autour de la gestion des maladies du feuillage et de la réduction des produits phytosanitaires en oléiculture en général.
> Lien vers le site des collectifs en agroécologie : cliquez ici.
2022-2026 Quels leviers instaurer en oléiculture pour contrôler la pression des maladies du feuillage ?
Contexte :
Les vergers oléicoles sont depuis longtemps soumis aux ravageurs et aux maladies, dont l’intensité de la pression est très liée aux conditions climatiques, aux variétés d’oliviers et parfois aux pratiques réalisées en verger. Or avec les variations climatiques que nous subissons depuis quelques années les défoliations sont importantes ; voire inquiétantes lorsque les traitements réalisés ne permettent pas un contrôle satisfaisant de l’inoculum. Comment pérenniser la production dans un contexte climatique de plus en plus difficile ? Comment répondre aux attentes des consommateurs et des riverains qui s’intensifient ? Comment ne pas dépasser la limite réglementaire des 4 kilogrammes de cuivre métal par hectare et par an ? Autrement dit : Quels leviers instaurer en oléiculture pour contrôler la pression des maladies du feuillage ?
Les producteurs du groupe Un DEPHY en Oléiculture ciblent particulièrement la maladie de l’œil de Paon (Venturia oleaginea) et la cercosporiose (Pseudocercospora cladosporioides), toutes deux responsables d’un affaiblissement progressif des arbres, qui entraîne un moindre développement des pousses et des olives et une plus faible floraison l’année suivante. De plus, les rares infections de cercosporiose notées sur fruits peuvent occasionner un retard de maturité et une dépréciation de la qualité des huiles. Ces maladies du feuillage sont de plus en plus difficiles à contrôler en verger, rendant quelquefois les producteurs impuissants face à leur développement.
Objectifs du nouveau Projet de groupe :
L’objectif principal de ce nouveau Projet de groupe reste la production d’olives de qualité et en quantité suffisante pour la viabilité des exploitations, tout en optimisant au maximum les pratiques en vue d’un maintien bas des IFT fongicides* en verger d’oliviers (*et insecticides, dans la lignée du précédent Projet collectif).
Pour ce faire, les membres du groupe Un DEPHY en Oléiculture espèrent trouver des combinaisons de leviers efficaces contre les inocula et si possible des alternatives ou compléments au cuivre. Ils comptent perfectionner leurs pratiques pour pouvoir contrôler véritablement cette problématique de défoliation par les maladies cryptogamiques, tout en poursuivant les travaux sur la gestion des ravageurs d'importance (Bactrocera oleae, Prays oleae...).
L’idée est de pouvoir proposer à la profession oléicole une panoplie d’itinéraires techniques robustes et fonctionnels, adaptés aux spécificités bien connues (localisation, variétal, pression, mode de conduite…) des vergers du groupe DEPHY. Ces exemples, grâce à la diversité des exploitations du groupe, pourront alors aider les oléiculteurs du département dans leurs choix de lutte contre ces bioagresseurs.
Résultats 2022-2026 du groupe :
Concernant la lutte contre les maladies du feuillage, les IFT fongicides du groupe DEPHY depuis son entrée dans le Réseau en 2016 sont présentés dans le graphique ci-dessous.
Ce graphique montre la moyenne des IFT fongiques chimiques utilisés contre les maladies du feuillage de l'olivier (cf ligne grise dans le graphique) et met l'accent sur l'IFT maximal rencontré à chaque saison (cf IFT hors biocontrôle max en bleu dans le graphique). Cette dernière information est donnée à titre indicatif car elle témoigne de la pression des maladies foliaires suivant les saisons et l'historique du verger. Rappelons que chaque exploitation engagée dans le Réseau DEPHY est unique par sa localisation, ses variétés, sa conduite, etc, et que la pression des maladies varie énormément suivant ces critères. NB : attention, ce n'est pas la même exploitation qui a la valeur maximale de l'IFT fongicide chaque année.
Pour limiter voire diminuer la quantité de cuivre métal apportée à l'hectare, un complément à la stratégie cuprique contre les maladies foliaires en oléiculture est testé depuis 2021, sur une puis deux exploitations du groupe Un DEPHY en Oléiculture (cf moyenne IFT biocontrôle en orange dans le graphique). Bénéficiant d'une AMM120j contre la maladie de l’œil de Paon en olivier depuis 2021, utilisable en AB et ne contenant pas de cuivre dans sa composition, le Curatio est en effet un produit de biocontrôle intéressant à étudier pour ne pas dépasser les 4kg de cuivre métal autorisés par ha et par an (lissables sur 7 ans) et respecter ainsi la Réglementation européenne sur l'utilisation du cuivre en agriculture).
Le suivi des IFT fongicides hors biocontrôle et biocontrôle se poursuit.
Sachant, comme indiqué précédemment, que la pression des maladies du feuillage est multifactorielle et afin de (re)connaitre nos ennemis foliaires, leurs symptômes, leurs cycles de développement, etc, un état des lieux des vergers du groupe DEPHY est en cours.
En 2022, Amandine LOYER (stagiaire M2 AETPF, mention Biologie Intégrative et Changements Globaux, Université d'Orléans) a initié un travail de synthèse bibliographique sur la connaissance des deux maladies fongiques et des moyens de lutte utilisés au sein du groupe Un DEPHY en Oléiculture. Avec la mise en place d'un protocole de suivi annuel et après étude statistique, la caractérisation des vergers étudiés a permis de pointer des premiers facteurs d'influence, à approfondir dans les années à venir.
Cette étude préliminaire, basée sur les variétés et les pratiques culturales du groupe DEPHY en février, mai et août 2022 (la quatrième notation étant en octobre, hors de la période de stage), décrit les taux de cercosporiose, d’œil de paon et de défoliation en fonction des différentes variables. Les premiers résultats montrent une corrélation négative entre le taux d’œil de paon et les traitements, mais positive entre la cercosporiose et les traitements pour le mois d’août. Les variables qualitatives influent quant à elles directement sur les taux de contamination et de défoliation.
Ces résultats, compte tenu du faible nombre de vergers du groupe DEPHY oléicole varois, sont évidemment à confirmer sur plusieurs années avant de tirer des conclusions trop hâtives.
Cette ACP (graphique ci dessus) nous permet de visualiser 5 classes suivant les contributions des différentes variables au sein des différentes parcelles. La classe n°1 (en vert) contient les parcelles avec des taux faibles de défoliation mais avec un IFT cuivre élevé. La classe n°2 (en violet) contient les parcelles pour lesquelles les taux d’œil de paon et de cercosporiose sont élevés avec un IFT cuivre faible. La classe n°3 (en marron) contient les faibles taux d’IFT cuivre et d’argile ainsi qu’un taux de défoliation fort. La classe n°4 (en bleu) contient les vergers aux taux de cercosporiose, de défoliation et de cuivre élevé. Enfin, la classe n°5 (en gris) contient deux parcelles avec des taux de cercosporiose, d’œil de paon et d’IFT cuivre intermédiaires.
A retenir que selon la classe d’IFT cuivre considérée, la réponse des taux de maladies et de défoliation est différente et varie pour chaque parcelle. D’autres paramètres étudiés plus bas rentrent donc dans l’explication de ces taux de contamination par les deux maladies. Cette étude préliminaire a en effet montré que certaines pratiques culturales comme l'irrigation, le nombre de tonte/an, la variété et la fréquence de la taille étaient autant de facteurs influençant les taux de contamination des maladies et de la défoliation des vergers du groupe DEPHY.
Merci à toi, Amandine, pour ta ténacité face à toutes ces feuilles d’oliviers !
Si on prend une moyenne de 20 feuilles/rameau, cela nous fait la modique somme de 76 800 feuilles comptabilisées en 6 mois (précisément sur 3 semaines) !
Afin de pouvoir proposer des pistes d'amélioration des stratégies de lutte contre ces maladies foliaires, l'approfondissement de l'étude des 5 classes mises en évidence par cet état des lieux 2022 se poursuit avec la reprise des comptages
- en 2023 avec Loïc Ville-Renon (stagiaire M2 Biologie Intégrative des Interactions Plantes, Micro-organismes et Environnement, mention Biologie Santé, à l'Université de Dijon) > Retrouvez le suivi des maladies du feuillage et l'analyse 2023 dans son mémoire de fin d'étude, disponible dans le bloc carrousel en bas de page !
- en 2024 avec Hugo Fuchs (stagiaire M2 Gestion de l'environnement, parcours Gestion durable de l'environnement à l'Université de Franche-Comté) > Retrouvez le suivi des maladies du feuillage et l'analyse 2024 dans son mémoire de fin d'étude, disponible dans le bloc carrousel en bas de page !
A suivre cette année 2025, avant-dernière année du projet.
Témoignage de la structure :
"L’oléiculture est une filière emblématique de notre département qui bénéficie déjà auprès du grand public d’une image très positive d’un produit sain, naturel et de qualité. L’engagement de la Chambre d’agriculture du Var dans le réseau DEPHY Fermes a pour ambition de conforter cette image, de structurer et sécuriser la filière en améliorant la performance économique, environnementale et sociale des entreprises. La filière doit avoir le souci de développer une agriculture tournée vers l’agro-écologie et des systèmes durables à bas intrants."
Alain Baccino, ancien Président de la Chambre d’agriculture du Var (propos recueillis en 2016)