Lancé en 2011, le groupe Dephy d'Agrobio Périgord se situe au sud du département de la Dordogne dans l'arrondissement de Bergerac. A sa création, il était le premier et seul groupe 100% en viticulture biologique. Il était alors constitué de 10 fermes. Une onzième ferme a rejoint le groupe en 2016 à l'occasion du ré-engagement dans Ecophyto 2. En 2023, un nouveau domaine à intégré le réseau en compensation du retrait d'un des domaines historiques en raison d'un départ à la retraite. 4 de ces domaines sont situés dans l’aire d’appellation Saussignac, 4 dans l’aire de d’appellation Monbazillac et 3 au sud/sud-est du vignoble bergeracois. Parmi ces 11 fermes, on compte 9 fermes en cave particulière, 1 ferme en cave coopérative et 1 lycée viticole.
Il s'agit de fermes en agriculture biologique qui étaient en conversion ou déjà certifiées lors de leur entrée dans le groupe. Trois d'entre-elles sont en biodynamie. Les fermes font entre 12 et 60 ha et présentent une grande diversité entre elles, notamment en termes d’encépagement et de densité de plantation. Les cépages les plus présents sont le merlot, le cabernet franc et le cabernet sauvignon, le sémillon et le sauvignon blanc.

Culture principale : Vigne

Spécificités du groupe : premier groupe  DEPHY 100% viti bio

Lycée partenaire : Lycée agricole de La Brie

Principales appellations : Saussignac, Monbazillac, Pécharmant, Bergerac

Principaux cépages : Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Sémillon et Sauvignon Blanc

Partenariats locaux : l'IFV, le SRAL la FREDON Nouvelle-Aquitaine, le GDON du Bergeracois, la FVBD, l'ITAB, la FNAB, le VBNA, la Chambre d'Agriculture de Dordogne, l'INRA de Bordeaux et l'UMR SAVE

Les axes de travail retenus par les vignerons

• La diminution des doses de soufre et de cuivre et les alternatives au cuivre
• L'amélioration de la qualité de pulvérisation
• La recherche de produits alternatifs aux pyrèthres naturels
• La lutte alternative contre eudémis
• L'amélioration de la fertilité des sols
• Les engrais verts
• L'anticipation et la gestion des accidents climatiques et du changement climatique
• La phytothérapie

La lutte contre les maladies cryptogamiques

Le climat océanique tempéré du bergeracois est particulièrement propice au développement du mildiou (Plasmopara viticola) ce qui en fait la principale maladie cryptogamique dans ce vignoble. De plus, 6 des fermes du groupe présentent des foyers historiques d’oïdium (Erysiphe necator). Habituellement peu concernées par le botrytis (Botrytis cinerea), certaines fermes ont été impactées par ce champignon, notamment lors des millésimes 2013 et 2016

Depuis 2018, des essais sont réalisés sur l'utilisation de produits de biocontrôle dans la lutte contre les maladies cryptogamiques de la vigne. Portés tout d'abord par les membres du groupe Dephy, quelques viticulteurs extérieurs au groupe participent désormais également à ces essais. Chaque année, une synthèse des essais réalisés durant la saison est publiée. [Dernière publication en date]

Les membres du groupe Dephy ont également été pionniers dans l'utilisation d'OAD sur le vignoble en testant durant 3 ans un partenariat avec la société Promété. Ces tests ont donné lieu par la suite au lancement du projet Optivitis en 2019 pour une mise en oeuvre à plus grande échelle sur le vignoble.

A chaque début de saison, des tests aux papiers hydrosensibles sont proposés aux viticulteurs du groupe avec l'appui d'un technicien pour évaluer la qualité de pulvérisation de leur matériel. Ces tests sont accompagnés de conseils sur les méthodes prophylactiques permettant d'améliorer la qualité des traitements.

Lutte contre les ravageurs

Côté ravageurs, les vers de grappes, principalement eudémis (Lobesia botrana), sont un problème récurrent important pour les quatre fermes situées dans l’aire d’appellation Monbazillac et qui nécessite des traitements spécifiques. Les quatre fermes dans l’aire d’appellation de Saussignac sont également susceptibles de subir une forte pression eudémis, quand les conditions sont très favorables.

Des essais portant sur les moyens de lutte alternatifs face à eudémis sont également réalisés tous les ans depuis 2014. Ces essais font également l'objet d'une synthèse annuelle et ont permis de mettre en avant quelques pistes intéressantes. Tout comme les essais biocontrôle, ceux-ci ont d'abord été portés par le groupe Dephy avant d'accueillir des participants extérieurs au groupe. [Dernière publication en date]

Excepté pour deux domaines, l’ensemble des parcelles du groupe sont situées dans le périmètre de lutte obligatoire (PLO) contre la cicadelle de la flavescence dorée (Scaphoïdeus titanus). Les traitements aux pyrèthres naturels sont une problématique majeure en viticulture bio tant d'un point de vue éthique que financier car il est question d'avoir recours à un neurotoxique peu spécifique et onéreux. Depuis 2015, des essais sont réalisés chaque année sur les méthodes de lutte alternatives aux pyrèthres naturels dans le cadre de la lutte contre la cicadelle de la flavescence dorée. Ces essais ont permis, à ce jour, de mettre en évidence les effets de certains produits insectifuges sur l'émergence des larves et leur développement sur la vigne. [Dernière publication en date]

La cicadelle verte (Empoasca vitis) peut également être un problème récurrent chez certains viticulteurs de Dordogne. De 2009 à 2012, des essais de régulation des populations de la cicadelle des grillures avec l'argile Kaolinite calcinée ont eu lieu dans le réseau Dephy. Ces essais, ainsi que ceux réalisés dans d'autres vignobles, ont contribué à l'homologation de ce produit dans la lutte contre la cicadelle verte, permettant ainsi de limiter le recours à des produits insecticides.

Cette année, avec la volonté d'anticiper l'arrivée de nouveaux ravageurs du vignoble, trois des membres du groupe ont également rejoint le projet OVNI (ObserVatoire des insectes Nuisibles endémiques ou Invasifs du vignoble). Les relevés de cette année sont en cours de traitement par l'INRAE.

Couverts, engrais verts et amélioration de la fertilité des sols

Cet axe de travail a été développé conjointement avec le GIEE Couverts et Engrais verts lancé en 2016. La création de ce GIEE a eu lieu suite au constat de certains membres du groupe Dephy que beaucoup de viticulteurs étaient intéressés par la pratique des couverts et engrais verts, mais ne passaient pas le pas pour des raisons économiques et de matériel. En 2016, une première commande groupée visant à mutualiser les coûts de transport et de manutention tout en permettant d'obtenir des tarifs plus avantageux pour les semences est organisée par les membres du groupe Dephy. Cette première commande compte 12 participants pour l'équivalent d'environ 4 T de semences (1,5 T) et grains de consommation produits localement (2,5 T). Par la suite, ces commandes groupées ont été organisées dans le cadre du GIEE et ont connu une demande en constante augmentation jusqu'à concerner en 2021 69 participants (dont quelques maraîchers) et 96 T de semences (12 T) et grains de consommation produits localement (84 T).

En plus de donner l'essor aux commandes groupées du GIEE, le groupe Dephy a posé les premières pierres du matériel auto-construit avec l'élaboration conjointe avec l'Atelier paysan d'un rehabilitator, outil adapté des grandes cultures, pour la préparation des sols avant semis et la destruction des engrais verts. [Voir fiche dans les annexes]

L'anticipation et la gestion des accidents climatiques et du changement climatique

Plusieurs membres du groupe Dephy s'intéressent depuis quelques années déjà aux cépages résistants et quelques parcelles ont déjà été plantées et sont inclues dans les suivis du réseau OSCAR, depuis 2016 pour les plus anciennes. Cependant, tous les membres du groupe ne souhaitent pas s'orienter dans cette voie en raison de la maturité globalement précoce des cépages résistants et du climat tendant également à des vendanges précoces ces dernières années.

Au vu des gelées plus fréquentes ces dernières années, le groupe s'intéresse également aux méthodes de protection et de résilience de leur vignoble. Si certains ont adopté quelques tours anti-gel, d'autres ont adopté la taille tardive ou la non-taille. Le groupe souhaite cependant aller plus loin dans sa réflexion. La gestion des périodes de sécheresse et de canicules fait également partie des nouvelles préoccupations du groupe.

Informations complémentaires

D'avril à septembre, des réunions bout de rang et bout de chai ont lieu deux fois par mois en alternance. Chacune de ces réunions est centrée autour d'un thème d'actualité du vignoble ou d'un type de vin spécifique produit dans le vignoble. Destinées à rassembler les membres du groupe Dephy, ces réunions sont parfois ouvertes aux autres vignerons en fonction des thèmes ou de la présence des membres du groupe.

Et le bilan phyto ?

L'Indice de Fréquence de Traitement (IFT) est un indicateur servant à quantifier l'utilisation des produits phytopharmaceutiques. Il est exprimé en "nombre de doses homologuées par hectare" appliquées sur la parcelle pendant une campagne culturale. Cet indicateur peut être calculé pour un ensemble de parcelles, pour une ferme ou pour un territoire, ou encore par grandes catégories de produits (notamment herbicides, insecticides, fongicides).

L'IFT d'un traitement contenant 1 substance commerciale est :

IFT = (Dose Utilisée/Dose Homologuée)x(Surface Traitée/Surface Totale)

En faisant la somme des IFT de chaque passage, on définit un IFT Total. Seules les substances commerciales homologuées en tant que produits phytopharmaceutiques sont comptabilisées dans l'IFT. Les engrais ou compléments minéraux n'entrent pas en compte dans le calcul. A côté de l'IFT total, on calcule également un IFT biocontrôle. Les produits de biocontrôles sont jugés non dangereux pour l'environnement et pour les utilisateurs et la liste évolue chaque années (Cf site du ministère).

Les leviers de substitution et/ou de réduction des fongicides, insecticides et herbicides ont donc un impact sur les IFT du groupe. On peut constater que ceux-ci ont eu une tendance à la diminution et à la stabilisation ces dernières années, mais que celle-ci n'est pas flagrante au vu du point zéro. Cela s'explique par le fait que la conversion en AB la plus tardive du groupe date de 2010 (la plus précoce datant de 1970) et que les domaines le constituant avaient déjà des IFT très bas avec des vignerons tolérant la prise de risque. Il est donc difficile de diminuer encore davantage les IFT du groupe, mais des efforts sont toujours faits dans ce sens et dans l'optique de transmettre ces méthodes de gestion des domaines.