Projet AGRECOMel
En France, le melon est une culture majeure soumise à la pression de plusieurs bioagresseurs aériens et telluriques. Afin de réduire les traitements phytosanitaires (d’au moins 60% et jusqu’à 100% des IFT chimiques, hors biocontrôle), le réseau d’expérimentation de la filière melon travaille sur la conception de systèmes de culture innovants, qui combineront plusieurs leviers agroécologiques.
Enjeux et objectifs
L'objectif de ce projet est de concevoir des systèmes de culture agroécologiques, permettant de réaliser une économie substantielle d’intrants phytopharmaceutiques les plus problématiques pour l’utilisateur, le consommateur et l’environnement. L’objectif est d’aboutir à une baisse de l’IFT chimique comprise selon les sites entre 60% et 100%. Dans tous les systèmes innovants, les produits classés CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) seront totalement banis.
Cette baisse d’IFT, principalement réalisée sur la culture de melon, ne se fera pas au détriment des résultats économiques de l'exploitation, puisque les objectifs intègrent un maintien du rendement et de la qualité de la production.
Ces résulats seront rapidement diffusés à l'ensemble des territoires de production, puisque toutes les zones de culture sont représentées, et que l'implication des producteurs est claire (expérimentations mises en place chez des producteurs, lien avec les groupes 30 000).
Stratégies testées
A ce jour, plusieurs leviers sont disponibles pour la maîtrise de certains bioagresseurs du melon, recensés ici en cinq catégories que sont (1) les résistances génétiques, (2) les mesures agronomiques, (3) l’amélioration de la biodiversité fonctionnelle, (4) le biocontrôle et (5) les outils de prévision des risques.
- La première stratégie vise à utiliser des variétés productives présentant des résistances aux principaux bioagresseurs. Il existe pour cette culture des résistances totales ou partielles à la fusariose, aux pucerons Aphis gossypii ainsi qu'à l'oïdium Podospohaera xanthii, mais également des moindres sensibilités à de nombreuses maladies fongiques telles que les pourritures grises de type sclerotinioses ou les maladies bactériennes. A cela s'ajoute la possibilité de greffer les cultures pour s'affranchir de problèmes telluriques.
- On peut noter parmi les mesures agronomiques applicables l'utilisation raisonnée de la fertilisation (possibilité de piloter par la méthode PILAZO), de l'irrigation (par des sondes capacitives notamment), la gestion des rotations et des intercultures et la limitation du travail du sol.
- L'amélioration de la biodiversité fonctionnelle peut se faire de différentes manières. Dans le projet AGRECOMel, il sera notamment évalué l'utilisation d'infrastructures agroécologiques (bandes fleuries), l'apport d'auxiliaires sur la parcelle, l'utilisation de plantes banques (de type Gomphocarpus fruticosus en plein champ, ou fabacées sur les abords de tunnels).
- De nombreux produits de biocontrole ont montré leur efficacité partielle en culture de melon. Leur utilisation sera maximisée dans ce projet et des stratégies de protection seront mises au point.
- Enfin, plusieurs outils de prévision des risques existent et seront intégrés au système de décision. Il s'agit du modèle Milmel (prévision du risque mildiou), et d'un outil de prévision des risques bactériose. Par ailleurs, des pièges à ravageurs seront disposés dans les parcelles pour évaluer le risque lié à ce bioagresseurs. Enfin, l'évaluation de plantes sentinelles capables d'anticiper l'arrivée des pathogènes sur la parcelle sera également mise en oeuvre.
Résultats attendus
La conception des nouveaux systèmes doit bénéficier à l’apprentissage des expérimentateurs eux-mêmes d’un côté et des producteurs et techniciens-conseillers d’un autre côté. Du point de vue des expérimentateurs, un protocole de suivi uniformisé pour les différents sites permettra de comparer les performances de systèmes innovants dans des contextes pédoclimatiques variés. Du point de vue de la production et du conseil, les systèmes seront le support de démonstration permettant d’échanger sur les techniques innovantes.
Ce projet intégrant finement les acteurs des grandes cultures et du melon (Instituts techniques, stations d’expérimentation et réseau DEPHY) doit permettre des échanges entre deux filières qui jusqu’à présent se côtoyaient sans réellement échanger sur leurs pratiques respectives.
En plus de créer des références dans le cadre du plan Ecophyto pour amender la base de données EcophytoPIC, l’approche systémique sera une bonne opportunité pour acquérir une meilleure connaissance scientifique de l’efficacité de combiner plusieurs leviers, jusqu’alors peu évaluée sur le long terme pour ces cultures