ares sont les viticulteurs qui ne sont pas partis traiter, ce vendredi 17 mai. Car enfin, le soleil a pointé ses rayons, après de longues périodes de précipitations presque ininterrompues.
« Ce début de campagne est particulièrement dur, confirme Brieg Clodoré, animateur d'un groupe Dephy et chargé de mission viticulture pour AgriBio Rhône et Loire. Il y a eu des cumuls de précipitations dépassant les 30 à 40 mm sur deux-trois jours et des fenêtres de traitement très courtes. On observe régulièrement des taches sur feuille : forcément, cette alternance de grosses pluies et de chaleur est idéale pour le mildiou ! »
Les terrains n'ont pas toujours eu le temps de ressuyer. La portance était généralement suffisante dans les vignes larges et enherbées, mais ailleurs certains vignerons ont fait l'impasse sur des traitements, d'autres ont dû trouver d'autres solutions pour entrer dans les parcelles. « La semaine dernière, on a traité 30 hectares à l'atomiseur car on ne pouvait pas entrer avec le tracteur, témoigne Thierry Locatelli, vigneron à Charentay et président de la coopérative Vinescence. C'est loin d'être agréable, mais ceux qui ne l'ont pas fait voient arriver les maladies. » Lui, pour l'instant, ne voit « pas trop de taches » mais confie son inquiétude par rapport au mildiou, et pas seulement : « je ne serais pas étonné qu'on ait du black rot cette année. »
De son côté, Brieg Clodoré a bien vu apparaître « quelques tâches foliaires de black rot », mais ne les juge pas encore inquiétantes. Et l'oïdium n'a pas encore eu l'opportunité de se développer.
« La situation n'est pas alarmante pour l'instant », rassure Barthélémy Souletie, conseiller viticole à la chambre d'agriculture du Rhône. « Il n'y a globalement pas de black rot ni d'oïdium pour l'instant, et on voit quelques taches foliaires de mildiou mais pas partout. Mais toutes les taches ne sont pas encore sorties, on en verra sans doute apparaître dans les prochains jours. Ceux qui ont pu traiter n'auront pas de problème, mais certains n'ont pas pu entrer dans les parcelles. »
Ceux qui l'ont pu ont employé les grands moyens. « Il y a eu des cadences très rapprochées, observe Brieg Clodoré. Dans le groupe Dephy, où les vignerons raisonnent pourtant les interventions, la plupart arrivent au quatrième traitement. Des vignerons changent aussi de stratégie en mixant sulfate et hydroxyde cuivre. »
Vigneron à Bully et président de la coopérative Agamy, Sébastien Coquard voit l'aspect positif : « On va affronter l'été avec des réserves en eau dans le sol, ce qui n'était pas le cas les années précédentes. » Brieg Clodoré abonde : « Quand il pleut trop, on peut quand même protéger la vigne. Quand il fait trop sec, on la voit dépérir sans pouvoir faire grand chose. »
Après avoir un démarrage précoce de la vigne en sortie d'hiver, le froid des dernières semaines a calmé le jeu. A mi-mai, la vigne n'avait plus que cinq jours d'avance par rapport à l'an dernier. Mais un redémarrage rapide est attendu dès le retour des beaux jours.
Mais de nouvelles précipitations sont prévues dans les prochains jours. Thierry Locatelli soupire : « Quand on subit une météo comme celle-ci, si des réglementations restreignent encore les périodes de traitement possibles, je ne vois pas comment on pourra s'en sortir... »