Nos maternités sont au bord de la rupture et c’est pour cette raison que nous, gynécologues-obstétriciens, pédiatres néonatologues, anesthésistes-réanimateurs, sages-femmes, puéricultrices, psychiatres, psychologues et usagers, lançons un appel au gouvernement comme à tous les Français. Nous devons collectivement prendre conscience qu’il est impératif de repenser et de réorganiser notre système de soin périnatal, car, aujourd’hui, tous les indicateurs sont au rouge.
Le taux de mortalité infantile, marqueur essentiel du progrès médical et social, est en hausse depuis 2012 après avoir baissé pendant plus de deux siècles. La France est au 25e rang européen, alors qu’elle était en 2e position il y a vingt ans. Si nous avions conservé notre niveau d’excellence, mille deux cents décès d’enfants pourraient être évités chaque année.
En outre, le taux de mortinatalité (morts fœtales après six mois de grossesse) situe aussi notre pays en queue de peloton, au 20e rang européen. La Haute Autorité de santé estime que plus de 50 % des incidents graves dont sont victimes les mères et les enfants en salle d’accouchement sont évitables.
Indicateurs alarmants
Enfin, les auteurs de la dernière enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles jugent que 70 % des décès liés à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites étaient « évitables » ou « peut-être évitables » sur la période étudiée (2013-2015).
Quand on connaît la situation des maternités, comment ne pas faire le lien entre ces indicateurs alarmants et la dégradation des conditions de travail ? De récentes enquêtes ont montré que le burn-out touchait de 50 % à 75 % des gynécologues-obstétriciens, 65,7 % des sages-femmes cadres et que 49 % de pédiatres néonatologistes souffraient de troubles du sommeil liés à leur activité.
La plupart des soignants des maternités et des services de néonatologie travaillent plus de 50 heures par semaine, près de la moitié font au moins cinq gardes de 24 heures par mois. Conséquences : les professionnels chevronnés quittent l’hôpital, délaissant le soin mais aussi la recherche et la formation (indispensables à l’avenir de la médecine périnatale), et les jeunes désertent la périnatalité.
Selon la dernière enquête nationale périnatale (ENP 2021), la proportion de maternités qui doivent faire appel plusieurs fois par mois à des intérimaires ou à des vacataires est de 28,1 % en ce qui concerne les gynécologues-obstétriciens, de 32,2 % pour les anesthésistes-réanimateurs et de 28 % pour les sages-femmes.
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