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Galerie Le Réverbère
Hommage à Yves Rozet
26/02/1953 - 26/04/2023
©Jacques Damez
 
En juillet 1984, avec Catherine Dérioz et Arièle Bonzon, nous étions à Avignon pour l’exposition Le Vivant et l’artificiel présentée pendant le festival à l’hospice Saint-Louis. Nous étions invités par les concepteurs de cette extraordinaire exposition pour une carte blanche autour de la photographie et de la galerie. Parmi l’impressionnante diversité des propositions et des artistes en présence, nous avons découvert dans une salle du rez-de-chaussée l’œuvre de Yves «Echo(s) d’Image(s)». Surtout nous y avons rencontré Yves, discrètement présent, dans sa salle. Et là, quelle surprise que de le reconnaître ! Il passait régulièrement à la galerie pour voir nos expositions mais sans jamais s’être présenté et encore moins nous avoir parlé de sa production !

Cette anecdote de notre première prise de contact est tellement symbolique de la personnalité de Yves que je ne pouvais pas commencer autrement pour parler de lui !

Convaincus de la qualité de son travail, nous avons programmé sa première exposition personnelle en 1986 à la galerie, et depuis notre collaboration n’a pas cessé. Yves a toujours masqué son complexe de classe sociale par une réserve et un silence qu'il ne rompait que lorsqu’il parlait d’art.
Parler d’art est ce qui nous liait au plus près. Que de débats concernant les livres, les expositions, les films, la musique et là, très peu de retenue et même des avis précis, parfois sans concession, une affirmation en opposition radicale avec l’attitude effacée dans le reste de la vie. Sa personnalité complexe s’est déposée au fil de son œuvre, ses titres à eux seuls en disent long :

Echo(s) d’image(s)
Identité(s) / Partition(s)
Utopie(s), une promesse de bonheur/pour une mémoire ouvrière
Il Mirabile
D’étranges devenirs à nouveau
33 1 Chimères
Figures déliées sur un fond sans fond
Sarabandes
Eté


L’œuvre est un précis de réflexions, aucun hasard ni dans les références ni dans le développement, ni dans l’ordre et le nombre de pièces qui constituent ses propositions. Yves est un inquiet de la maîtrise, il cherche très en profondeur pour être juste, il rêve d’atteindre le pur équilibre : là où l’essentiel est évidence et où aucun glissement dans le démonstratif, le décoratif n’a lieu. Sa grande connaissance des techniques qu’il emploie lui permet de ne pas être froid, ni seulement conceptuel ou théorique ; une sensibilité chromatique incroyable nourrit ses photographies autant que ses gravures et ses dessins.

Dans le silence de ses œuvres, la mélancolie et une solitude existentielle trouvent naturellement leur place. Il confie à l’œuvre ce qu’il n’arrive pas à énoncer dans sa vie avec les autres. La poésie est un de ses refuges privilégiés, dans cette langue située avant le langage, il retrouve ses émotions fondatrices, aussi bien la violence que le lyrisme.

Yves a construit un appareil théorique très abouti qui lui a permis de se rassurer et de surmonter ses doutes mais le point de sa visée, comme pour le tireur à l’arc, est d’atteindre la perfection du geste là où la poésie se retranche. Dans Sarabandes et Eté, ses deux dernières séries, Yves a lâché du leste : il a suffisamment prouvé au préalable sa maîtrise pour que s’infiltre une vacance dans ses processus, il a fait confiance à sa perception tout en sachant que celle-ci était totalement charpentée par son cursus.

Yves s’est tu mais l’œuvre a toujours parlé et nous continuerons de l’écouter.
Jacques Damez, mai 2023
 
©Yves Rozet
 
Galerie Le Réverbère
38 rue Burdeau 69001 Lyon - 04 72 00 06 72
Du mercredi au samedi de 14h à 19h
et sur rendez-vous en dehors de ces horaires.
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